Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE MAHABHARATA. 121

à un acacia, placé dans un cimetière, afin qu'aucun guer- rier ne se risquât à y toucher, sous peine d'être déclaré impur et déchu de sa caste. Ardjouna qui s'est dirigé du côté de l'acacfa et qui parle en maître à Bhoùmimdjaya, lui ordonne de monter à l'arbre et de lui rapporter les armes. L'autre obéit et se fait expliquer les propriétés de ces armes merveilleuses : poignards, cimeterres, flèches, arcs, celui sur- tout d' Ardjouna, qui s'appelle Gândivâ. Il a un nom spécial comme les épées de tant de fameux capitaines modernes : la Joyeuse de Charlemagne, la Durandal de Roland, la Tizona etlaColada du Cid. Bhoùmimdjaya est stupéfait d'admiration, mais bien plus encore lorsque le faux eunuque lui révèle qu'il est le brave et terrible Ardjouna, et que ses quatre frè- res et leur commune épouse servent dans le palais. Il se prosterne devant son ancien esclave, et des prodiges s'ac- complissent :

Du haut de son char, le héros examina chacune de ses armes, et ses armes, toutes ensemble, s'inclinant avec respect, répondi- rent au prince Ardjouna : « fils de Pândou, nous sommes autant de serviteurs, tout dévoués à ta personne. » Le prince les salua et, les serrant dans ses bras, il s'écria: « Vous êtes à jamais, dans ce monde, l'objet de mes pensées! » Alors, la joie peinte sur le vi- sage, il s'empare d'elles, et de son arc, rapidement tendu, il lance une flèche; la corde en sifflant a rendu un bruit horrible. La terre en est ébranlée, comme par la chute d'une montagne renversant une autre montagne ; un grand vent souffle de tous les points de l'espace; il tombe une flamme ardente, qui efface toutes les clartés de l'horizon; on croirait entendre dans le ciel le tonnerre d'Indra : les Gouràvas, à ses coups, ontreconrule réveil d' Ardjouna!

La victoire est complète: le parasol royal du vieux Bhîchma, l'aïeul des cousins ennemis, a été brisé; on a rapporté, criblé de traits, l'étendard des Gouràvas, représentant un singe sur un fond d'or. Le roi des Matsyens attribue tant de suc- cès au courage de son fils, qui se laisse complimenter, tandis qu'Ardjouna garde modestement le silence. Enivré de son triomphe, Virâta veut engager une partie de dés avec

�� �