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vain- d’Ilvala, a pu arrêter le mont Vindhya, qui, par jalousie pour le mont Mérou, se gonflait jusqu’à cacher la vue du soleil et de la lune. Maintenant que les Dânavas se sont réfugiés au fond de l’Océan, afin de les atteindre il faudrait que l’Océan fut desséché ; les dieux viennent demander ce service à Agastya, qui aussitôt se rend, en leur compagnie, sur les bords de la mer et l’absorbe d’une gorgée : les démons, étant mis à découvert, sont exterminés par les dieux. Là se présente un autre inconvénient : comment remplacer cette mer, si prestement avalée et pourtant si utile ? Ce sera la tâche d’un autre mortel vertueux, de Baguîratha, descendant d’un roi du nom de Sagara qui mérite une mention spéciale. Ce Sagara avait deux femmes : l’une lui donna un enfant, plus beau que le jour et appelé Asamandja ; l’autre mit au monde une courge, dont les graines, remuées avec soin, produisirent soixante mille fils. Ces fils, très-impétueux et très-violents du reste, coururent çà et là à la recherche d’un cheval que leur père avait laissé échapper : ils explorèrent le globe en tous sens, mais en vain ; dans leurs courses, ils manquèrent de respect à l’anachorète Kapila, qui, fronçant le sourcil, d’un seul coup d’œil, les réduisit tous en cendres. Grâce à Kapila devenu plus clément, le cheval fut retrouvé, et Sagara mourut content ; mais ses soixante mille rejetons n’avaient pas eu d’honneurs funèbres, pas même les ablutions ordinaires ; un grand miracle devait les leur rendre. L’arrière-petit-fils d’Asamandja, Baguîratha, réussit à l’accomplir. Il dépose le fardeau de la royauté, gravit les crêtes de l’Himalaya dont on nous fait une éblouissante peinture, y passe mille années de suite en proie aux mortifications les plus sévères, subsistant d’eau, de fruits et de racines, et invoque Gangâ, la nymphe des eaux célestes, sœur d’Uma, la nymphe des montagnes, Gangâ qui, au firmament, baigne les corps des bienheureux. Il la prie de descendre sur la terre pour y arroser les restes de ses aïeux ; Gangâ y consent, à la condition que le dieu Siva la soutiendra un peu dans sa chute,