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accueille avec grand plaisir depuis qu’on lui a montré que la tactique de l’embourgeoisement progressif des fonctionnaires syndicaux pouvait produire d’excellents résultats ; mais leurs camarades se défient d’eux. Cette défiance est devenue, en France, beaucoup plus vive depuis que beaucoup d’anarchistes sont entrés dans le mouvement syndical ; parce que l’anarchiste a horreur de tout ce qui rappelle les procédés des politiciens, — dévorés du besoin de grimper dans les classes supérieures et ayant déjà l’esprit capitaliste alors qu’ils sont encore pauvres[1].

La politique sociale a introduit de nouveaux éléments dont il nous faut maintenant tenir compte. On peut, tout d’abord, observer que les ouvriers comptent aujourd’hui dans le monde au même titre que les divers groupes producteurs qui demandent à être protégés ; ils doivent être traités avec sollicitude tout comme les viticulteurs ou les fabricants de sucre[2]. Il n’y a rien

    que personne y trouve à redire. (P. de Rousiers, Le trade-unionisme en Angleterre, p. 309 et p. 322.) — En corrigeant cette épreuve, je lis un article de Jacques Bardoux signalant qu’un charpentier et un mineur ont été créés chevaliers par Édouard VII. (Débats, 16 décembre 1907.)

  1. Il y a un certain nombre d’années, Arsène Dumont a imaginé le terme de capillarité sociale pour exprimer la lente ascension des classes. Si le syndicalisme suivait les inspirations des pacificateurs, il serait un puissant agent de capillarité sociale.
  2. On a souvent signalé que l’organisation ouvrière en Angleterre est un simple syndicat d’intérêts, ayant en vue des avantages matériels immédiats. Quelques écrivains sont