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tes méthodologies pour étudier les questions historiques ; elle permet de briser les enveloppes conventionnelles ; de pénétrer jusqu’au fond des choses et de saisir la réalité. Il n’y a point de grand historien qui n’ait été tout emporté par cette passion ; et, quand on y regarde de près, on voit que c’est elle qui a permis tant d’heureuses intuitions.



Je n’ai pas eu la prétention de présenter ici tout ce qu’il y aurait à dire sur la violence, et encore moins de faire une théorie systématique sur la violence. J’ai seulement réuni et révisé une série d’articles qui avaient paru dans une revue italienne, Il Divenire Sociale[1], qui soutient le bon combat au delà des Alpes contre les exploiteurs de la crédulité populaire. Ces articles avaient été écrits sans plan d’ensemble ; je n’ai pas essayé de les refaire, parce que je ne savais comment m’y prendre pour donner une allure didactique à un tel exposé ; il m’a semblé même qu’il valait mieux leur conserver leur rédaction débraillée, parce qu’elle serait peut-être plus apte à évoquer des idées. Il faut toujours craindre, quand on aborde des sujets mal connus, de délimiter trop rigoureusement des cadres ; on serait ainsi exposé à fermer la porte à beau-

  1. Les quatre derniers chapitres ont été beaucoup plus développés qu’ils ne l’étaient dans le texte italien. J’ai pu ainsi donner beaucoup plus de place aux considérations philosophiques. Les articles italiens ont été réunis en brochure sous le titre : Lo sciopero generale e la violenza, avec une préface de Enrico Leone.