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appel aux lumières qui sont obligées à rester sous le boisseau capitaliste, et il ne doute pas que la révolution dépend bien moins des conditions auxquelles pensait Marx que des élucubrations de génies méconnus.


C. — j’ai appelé l’attention sur ce qu’a d’effrayant la révolution conçue à la manière de Marx et des syndicalistes, et j’ai dit qu’il importe beaucoup de lui conserver son caractère de transformation absolue et irréformable, parce qu’il contribue puissamment à donner au socialisme sa haute valeur éducative. Cette gravité de l’œuvre poursuivie par le prolétariat ne saurait convenir à la clientèle jouisseuse de nos politiciens ; ceux-ci veulent rassurer la bourgeoisie et lui promettent de ne pas laisser le peuple s’abandonner à ses instincts anarchiques.

Ils lui expliquent qu’on ne songe nullement à supprimer la grande machine de l’État, en sorte que les socialistes sages désirent deux choses : s’emparer de cette machine pour en perfectionner les rouages et les faire fonctionner au mieux des intérêts de leurs amis, — et rendre plus stable le gouvernement, ce qui sera fort avantageux pour tous les hommes d’affaires. Tocqueville avait observé que, depuis le commencement du xixe siècle, les institutions administratives de la France ayant très peu changé, les révolutions n’ont plus produit de très grands

    teur du Travail, a dans son portefeuille des solutions étonnantes de la question sociale et qu’il les révélera le jour où il sera à la retraite. Nos successeurs le béniront de leur avoir ainsi réservé des plaisirs que nous n’aurons pas connus.