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poison enfanté par la mort et par l’hydre monstrueuse, comment pourrait-il voir encore la lumière, lorsque le sang de l’hydre terrible le consume, et que le venin meurtrier du centaure à la noire crinière, mêlé dans ses veines, dévore ses entrailles[1] ?

(Strophe 2.) Cette infortunée, imprévoyante de ces effets funestes, et voulant prévenir le malheur dont la menaçait ce nouvel hymen, ne remarqua pas que ces conseils partaient d’une âme ennemie, dont le commerce devait être fatal ; et maintenant la malheureuse gémit, elle verse des torrents de larmes ; mais le destin s’avance et révèle un grand désastre perfidement préparé.

(Antistrophe 2.) Une source de larmes s’est ouverte, le mal se répand et s’accroît ; ô dieux ! jamais le noble fils de Jupiter n’eut à souffrir de ses ennemis mêmes des maux si dignes de pitié. O trop funestes armes, qui, renversant les murs élevés d’Œchalie, amenèrent ici cette jeune captive ! Mais c’est Vénus qui, en servant secrètement leurs amours, a été la cause[2] véritable de tous ces maux.

LE CHŒUR.

Me trompé-je ? n’entends-je pas des gémissements qui s’échappent du fond de ce palais ? que dois-je dire ?

Bien certainement j’entends des cris, ce sont des cris de douleur ; il est arrivé quelque chose de nouveau dans cette demeure.

Mais vois cette vieille qui s’avance vers nous, le visage attristé, le front obscurci ; elle nous apprendra ce qui se passe.



LA NOURRICE.

O jeunes filles, de quels maux terribles pour nous le présent envoyé à Hercule a été la cause !

  1. Il y a dans le texte κέντρ´ ἐπιζέσαντα, les aiguillons qui le brûlent.
  2. Πράκτωρ. Voir plus haut la note sur le vers 251.