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patrie battue par les vents. La fortune lui est contraire, mais elle a droit à l’indulgence.

DÉJANIRE.

Eh bien ! laissons-la, et qu’elle entre dans l’intérieur, si tel est son désir, je ne veux pas à ses peines présentes ajouter d’autres peines ; c’est bien assez de celles qu’elle éprouve. Rentrons donc toutes, et toi, va où le devoir t’appelle, tandis que je disposerai tout dans ce palais.

(Les captives entrent dans le palais.)



LE MESSAGER.

D’abord, reste du moins un moment ici, afin d’apprendre, hors de leur présence, quels sont ceux que tu emmènes avec toi, et pour que, des choses dont tu n’es pas informée, tu saches ce que tu dois savoir ; car moi, j’en ai la connaissance entière.

DÉJANIRE.

Qu’y a-t-il donc, pour te presser ainsi sur mes pas ?

LE MESSAGER.

Arrête, et écoute-moi ; car jusqu’ici mes paroles n’ont pas été trompeuses, et celles que j’ai à te dire encore ne le seront pas davantage[1].

DÉJANIRE.

Faut-il donc rappeler ici les autres, ou veux-tu t’expliquer seulement devant ces jeunes Trachiniennes ?

LE MESSAGER.

Ainsi que toi, celles-ci peuvent tout entendre ; mais laisse aller les captives.

DÉJANIRE.

Elles sont déjà parties ; parle maintenant.

LE MESSAGER.

De tout ce que cet homme a dit tout à l’heure, il n’y

  1. Ces paroles indiquent bien clairement que ce personnage est le même qui est venu précédemment informer Déjanire, de la prochaine arrivée d’Hercule, nouvelle qu’il tenait de Lichas.