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NÉOPTOLÈME.

Mais ceux qui t’ont chassé, vois s’ils ne te sauveront pas à leur tour.

PHILOCTÈTE.

Jamais assez, pour que volontairement je me rende à Troie.

NÉOPTOLÈME.

Que ferons-nous donc, si aucune de mes paroles ne peut te persuader ? Le plus aisé, pour moi, est de faire trêve aux paroles, et de te laisser vivre comme tu vis à présent, sans guérison.

PHILOCTÈTE.

Laisse-moi souffrir ce qu’il faut que je souffre ; mais la promesse[1] que tu m’as faite de me ramener dans ma patrie, accomplis-la, mon fils, ne tarde pas, et laisse là le souvenir de Troie, elle m’a coûté assez de larmes et de lamentations.

NÉOPTOLÈME[2].

Si tu le veux, partons.

PHILOCTÈTE.

O généreuse parole !

NÉOPTOLÈME.

Affermis tes pas en t’appuyant sur moi.

PHILOCTÈTE.

Autant, du moins, que j’en ai la force.

NÉOPTOLÈME.

Mais comment échapperai-je aux accusations des Grecs ?

PHILOCTÈTE.

Ne t’en inquiète point.

NÉOPTOLÈME.

Comment donc, s’ils viennent ravager mon pays ?

  1. Littéralement : « la promesse que tu m’as faite, en touchant ma main droite. »
  2. Ici s’arrêtent les vers ïambiques, et commence le mètre trochaïque.