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ULYSSE.

Je voudrais ne l’avoir pas entendue une seule fois.

NÉOPTOLÈME.

N’en doute donc plus ; tu sais tout.

ULYSSE.

Je sais, oui, je sais quelqu’un qui t’en empêchera.

NÉOPTOLÈME.

Qui donc m’en empêcherait ? Dis-le-moi.

ULYSSE.

Toute l’armée des Grecs, et moi-même avec eux.

NÉOPTOLÈME.

Tu es habile, mais ton langage ne l’est pas.

ULYSSE.

Et toi, ni tes paroles, ni tes actions n’annoncent rien d’habile.

NÉOPTOLÈME.

Mais si elles sont justes, elles sont mieux qu’habiles.

ULYSSE.

Et comment serait-il juste de rendre malgré moi ce que tu ne dois qu’à mes conseils ?

NÉOPTOLÈME.

La faute honteuse que j’ai commise, je tâcherai de la réparer.

ULYSSE.

Ne crains-tu pas l’armée des Grecs, en agissant ainsi ?

NÉOPTOLÈME.

J’ai pour moi la justice, et je ne crains pas tes menaces[1].

ULYSSE.

Jamais non plus ton bras ne me fera céder[2]. Ce ne sera donc plus contre les Troyens, mais contre toi, que nous combattrons.

NÉOPTOLÈME.

Que ce qui doit arriver s’accomplisse !

  1. Τὸν σὸν φὀβον : « La frayeur que tu veux imprimer : » ton intimidation.
  2. M. Boissonade, avec Buttmann, met dans la bouche d’Ulysse ce vers, que les autres éditeurs attribuent à Néoptolème.