(Antistrophe 1.) Moi donc, infortuné ! consumé par la douleur, séparé désormais de tout commerce des hommes, j’expirerai misérablement dans cet antre, hélas ! hélas ! sans qu’il me reste aucun moyen de soutenir ma vie, ni de percer les oiseaux de mes flèches ailées[1]. Une âme perfide m’a enveloppé dans le piège de ses paroles trompeuses ; puisse-je voir l’auteur de cette trame subir à son tour mes souffrances aussi longtemps que moi !
C’est la volonté[2] des dieux qui a fait ton malheur, et non aucun piège tendu par mes mains. Réserve à d’autres ton imprécation odieuse, ton imprécation sinistre ; et j’ai aussi à cœur que tu ne repousses pas notre amitié.
(Strophe 2.) Malheur à moi ! — Assis sur le rivage de la mer blanchissante, il rit de moi , et agite dans ses mains[3] cet arc qui me donnait ma triste nourriture, et que nul autre ne mania jamais. Arc chéri, violemment arraché à des mains chéries, si tu as quelque sentiment, tu dois voir avec pitié le malheureux compagnon d’Hercule privé désormais de te toucher ! Mais en passant dans les mains d’un autre maître, tu es manié par un homme artificieux, dont tu vois les fraudes honteuses, un mortel odieux, ennemi dont les turpitudes suscitent des milliers de maux, qu’Ulysse a machinés contre nous.
Il est d’un homme de cœur de dire la vérité, et quand il l’a dite, de ne pas répandre le venin d’une langue haineuse. Néoptolème, choisi seul entre tous les Grecs, a,