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d’autres, le redoutable Mars, semant la terreur parmi nos ennemis, exerce d’autres vengeances. Sept chefs postés devant les sept portes[1], et opposés à autant d’adversaires, abandonnèrent le trophée de leurs armes d’airain à Jupiter triomphateur : excepté les deux infortunés[2], issus du même père et de la même mère, qui, dirigeant l’un contre l’autre leurs lances réciproquement victorieuses, se donnèrent une mort mutuelle.

{Antistrophe 2.) Mais la victoire au glorieux renom est venue rendre l’allégresse à Thèbes, célèbre par ses chars[3]. Après les combats, oubliez maintenant les dangers, et entrons dans tous les temples des dieux, pour que la nuit entière se passe à des danses animées ; que Bacchus, qui livre Thèbes à la joie, préside à nos jeux.

Mais je vois s’avancer le nouveau roi de cette contrée, Créon, fils de Ménécée, que les événements envoyés par les dieux nous ont donné ; quel projet occupe sa pensée, pour qu’il ait convoqué par une proclamation publique cette assemblée de vieillards ?

CRÉON.

Citoyens, les dieux, après avoir déchaîné de longs orages sur notre patrie, lui ont enfin rendu le calme et la sécurité. Je vous ai, par mes messagers, convoqués entre tous, parce que je sais que vous avez de tout temps appuyé le trône de Laïos, puis celui d’Œdipe, lorsqu’il eut relevé l’État chancelant, et après sa mort, vous êtes restés constamment fidèles à ses fils. Et depuis que ceux-ci, par un destin commun, périrent en un même jour, mutuellement frappés de leur main fratricide, je possède l’autorité et le trône, en vertu de ma proche parenté avec ceux qui sont morts. Il est impossible de connaître l’âme,

  1. Voyez Eschyle, les Sept chefs contre Thèbes ; et Œdipe à Colone, v. 1302 et suivants.
  2. Étéocle et Polynice
  3. C’est-à-dire guerrière