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ISMÈNE.

Tu montres une ardeur bouillante, où il faut du sang-froid[1].

ANTIGONE.

Je sais, du moins, que je plais à ceux qu’il m’importe de satisfaire.

ISMÈNE.

Si toutefois tu peux réussir ; mais tu entreprends l’impossible.

ANTIGONE.

Eh bien ! quand la force me manquera, je m’arrêterai.

ISMÈNE.

Mais il faut commencer par ne pas poursuivre l’impossible.

ANTIGONE.

Si tu parles ainsi , tu mériteras ma haine , et tu seras justement odieuse à l’ombre d’un frère. Mais abandonne-moi au sort terrible dont ma témérité me menace. Car je ne subirai pas de supplice si affreux, qu’il me prive d’une mort glorieuse.

ISMÈNE.

Eh bien ! va donc, si telle est ton envie ; sache-le cependant, tu es imprudente, mais tu es vraiment dévouée à tes amis.


LE CHOEUR[2].

{Strophe 1.) Soleil radieux, la plus belle des lumières qui ait jamais lui sur Thèbes aux sept portes, œil éclatant

  1. Le scholiaste, Hermann et Wunder entendent ψυχροῖσι dans le sens de « qui glace d’effroi. »
    Ainsi je brûle en vain pour une âme glacée.
    (Racine, Alexandre, act. IV, sc. III.)
  2. Le Chœur est composé de vieillards thébains, réunis sur la convocation de Créon : il chante la victoire de Thèbes sur l’armée argiénne, qui était venue l’assiéger.