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THÉSÉE.

Vois si tu n’as point à Argos quelque parent qui désire de toi ce service.

ŒDIPE.

Cher Thésée, n’en dis pas davantage.

THÉSÉE.

Qu’as-tu donc ?

ŒDIPE.

Ne me demande pas...

THÉSÉE.

Quoi ? réponds.

ŒDIPE.

Je sais maintenant de mes filles quel est ce suppliant.

THÉSÉE.

Quel est-il donc ? et quel reproche pourrais-je lui faire ?

ŒDIPE.

C’est mon fils, ô roi, un fils que j’abhorre, celui de tous les hommes dont l’entretien me serait le plus insupportable.

THÉSÉE.

Eh quoi ! ne peux- tu l’écouter, sans rien faire de ce qu’il demande ? que t’en coûte-t-il de l’entendre ?

ŒDIPE.

Cette voix, ô roi, serait odieuse aux oreilles d’un père ; ne me force pas de céder à tes désirs.

THÉSÉE.

Mais si le respect dû à cet asile t’y oblige, songe si tu ne dois pas révérer la protection du dieu.

ANTIGONE.

Mon père, écoute mes conseils, malgré ma jeunesse. Permets à Thésée d’obéir au mouvement de son âme et à la volonté du dieu, et à nous, accorde la présence de notre frère. Ne crains rien, ce qui pourrait te déplaire dans ses paroles ne saurait contraindre tes résolutions : mais quel danger y a-t-il à l’entendre ? les pensées les plus louables ne se révèlent que par la parole. Tu lui as donné le jour ; aussi, malgré sa conduite criminelle et