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épigramme de l’Anthologie prétend qu’il mourut étouffé par un grain de raisin vert.

Selon le biographe, les sépultures de la famille de Sophocle étaient à Décélie, à onze stades d’Athènes. Les Lacédémoniens occupaient alors Décélie, et ravageaient la campagne de l’Attique. Bacchus apparut en songe au chef Spartiate pendant son sommeil, et lui ordonna de laisser inhumer l’homme que ce dieu chérissait. Le général eut quelque peine à comprendre de quoi il s’agissait. Mais ayant appris de quelques transfuges quel était celui qui venait de mourir, il envoya un héraut porter à la ville assiégée la permission d’ensevelir ce grand poète. C’est ce que rapporte Pausanias (I, 21). V. aussi Pline, H. N. VII, 30. Ce récit du biographe offre plus d’une difficulté. D’abord, Décélie n’était pas, comme il le dit, à onze stades d’Athènes, mais à cent vingt ; de plus, le général lacédémonien qui commandait à cette époque n’était pas Lysandre, mais le roi de Lacédémone, Agis, fils d’Archidamos [Thucyd. VII, 9). Lysandre n’assiégea Athènes que par mer, la première année de la quatre-vingt-quatorzième Olympiade. Or, Aristophane, dans les Grenouilles, qui parurent la troisième année de la quatre-vingt-treizième Olympiade, parle de Sophocle comme déjà mort.