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LE CHŒUR.

(Antistrophe 2.) Infortuné ! car de quel nom t’appeler ? tu as donc commis le meurtre ?...

ŒDIPE.

Quel meurtre ? que veux-tu dire ?

LE CHŒUR.

Le meurtre d’un père ?...

ŒDIPE.

Hélas ! c’est une plaie nouvelle dont tu frappes mes plaies anciennes.

LE CHŒUR.

Tu as tué ?...

ŒDIPE.

J’ai tué : mais il y avait pour moi...

LE CHŒUR.

Quoi donc ?

ŒDIPE.

Quelque chose de juste.

LE CHŒUR.

Comment ?

ŒDIPE.

Je vais te le dire : oui, attaqué, je l’ai frappé, je l’ai tué ; mais je suis pur devant la loi : c’est sans le connaître, que j’en suis venu à cette extrémité.



LE CHŒUR.

Mais voici le fils d’Égée, Thésée, qui vient pour se rendre à ton appel.

THÉSÉE.

Aux nombreux récits que j’ai entendus autrefois sur la perte sanglante de tes yeux, je t’ai reconnu, fils de Laïus, et ce que je viens d’entendre sur ma route, m’en a appris davantage. Ton extérieur et ton front défiguré nous indiquent assez qui tu es ; ta misère me touche, et je désire savoir de toi, malheureux Œdipe, la prière que vous avez à faire à Athènes et à moi, toi et ton infortunée