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moi Créon, pour s’assurer de ma personne, ou tout autre citoyen puissant dans l’État. Pour vous, étrangers, si, d’accord avec les vénérables déesses, protectrices de ce peuple, vous voulez me prêter votre secours, vous acquerrez en moi un sauveur pour cette ville, et un fléau pour mes ennemis.



LE CHŒUR.

Ton sort, Œdipe, et celui de tes filles, est bien digne d’inspirer la pitié ; et puisque tu promets d’être le sauveur de cette contrée, je veux te donner d’utiles avis.

ŒDIPE.

O cher hôte, sers-moi de guide[1], je ferai tout ce que tu me diras.

LE CHŒUR.

Offre donc un sacrifice expiatoire à ces déesses vers lesquelles tu es venu d’abord, et dont tu as foulé le sol sacré.

ŒDIPE.

Comment dois-je l’offrir ? dites-le-moi, étrangers.

LE CHŒUR.

Commence par puiser des libations saintes à la fontaine intarissable, avec des mains purifiées[2].

ŒDIPE.

Et quand j’aurai puisé cette eau pure ?

LE CHŒUR.

Il y a des coupes artistement travaillées, dont tu couronneras les bords et les deux anses.

ŒDIPE.

Avec du feuillage, ou de la laine ? ou de quelle autre manière ?

LE CHŒUR.

Avec la toison récemment coupée d’une jeune brebis.

  1. Προξένει. Le proxène était un citoyen d’un pays établi dans un autre, pour y secourir ses compatriotes, ou un magistrat chargé par l’État de recevoir les étrangers.
  2. Tibulle, l. II, 1, 14 :
    Et manibus puris sumite fontis aquam.