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LE CHŒUR.

Avance plus près.

ŒDIPE.

Faut-il encore ?

LE CHŒUR.

Fais-le avancer davantage, jeune fille ; car tu comprends mieux ce qu’il faut faire.

ANTIGONE.

Suis-moi, mon père, suis-moi où je te conduis.

LE CHŒUR.

(Strophe 3.) Étranger sur une terre étrangère, tu dois, infortuné, haïr ce que l’État déteste, et honorer ce qu’il aime.

ŒDIPE.

Mène-moi donc, ma fille, en un lieu où je puisse, sans blesser la religion, répondre à ceux qui me parlent : ne résistons pas à la nécessité.

LE CHŒUR.

Arrête ici, et ne porte pas les pieds hors de cette limite.

ŒDIPE.

(Antistrophe 2.) Est-ce ainsi ?

LE CHŒUR.

Oui, c’est assez.

ŒDIPE.

Resterai-je debout ?

LE CHŒUR.

Penche-toi à l’extrémité de cette pierre[1], en ramenant tes pieds en arrière.

ANTIGONE.

C’est à moi, mon père, de diriger doucement tes pas ; appuie sur ce bras ami ton corps affaibli par les ans.

ŒDIPE.

Hélas ! ô triste destinée !

  1. La pierre qui marquait la limite du lieu consacré.