Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ŒDIPE À COLONE

PERSONNAGES

ŒDIPE.

ISMÈNE.

ANTIGONE.

THÉSÉE.

UN ÉTRANGER.

CRÉON.

EURIDICE.

CRÉON.

CHŒUR DE VIEILLARDS COLONIATES.

POLYNICE.

UN ENVOYÉ.


La scène est en Attique, dans le bourg de Colone, à l'entrée du bois sacré des Euménides. On découvre Athènes dans le lointain.
ŒDIPE.

Fille d’un vieillard aveugle, Antigone, en quelle contrée, en quelle ville sommes-nous arrivés[1] ? Qui accueillera aujourd’hui, avec une chétive aumône, Œdipe errant ? Il demande peu, il obtient moins encore, et ce peu lui suffit, car les souffrances, la vieillesse, et enfin mon courage m’enseignent la résignation. Mais, ma fille, si tu aperçois quelque siège dans un lieu profane, ou dans quelque bois sacré, conduis-moi, et arrêtes-y mes pas, afin de nous informer des lieux où nous sommes. Étrangers en ce pays, nous devons apprendre des habitants ce qu’il convient de faire, et l’accomplir.

ANTIGONE.

Œdipe, père infortuné, je vois dans le lointain les

  1. Cicéron, au début du cinquième livre, de Finibus, exprime ainsi l’admiration que lui inspiraient ces beaux vers et cette touchante exposition : « Me ipsum huc modo venientem convertebat ad sese Coloneus ille locus, cujus incola Sophocles ob oculos versabatur : quem scis quam admirer, quamque eo delecter. Hic quidem ad altiorem memoriam Œdipodis huc venientis, et illo mollissimo carmine quænam essent ipsa hæc loca requirentis species quædam commovit, inanis scilicet, sed commovit tamen. »