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ŒDIPE.

Ta m’as donc reçu des mains d’un autre ? tu ne m’as pas trouvé toi-même ?

LE MESSAGER.

Non, mais un autre berger te remit à moi.

ŒDIPE.

Quel est-il ? Pourrais-tu le faire connaître ?

LE MESSAGER.

C’était, disait-on, un des serviteurs de Laïus.

ŒDIPE.

De celui qui fut jadis roi de cette contrée ?

LE MESSAGER.

Oui. Il avait la garde de ses troupeaux.

ŒDIPE.

Vit-il encore, et pourrais-je le voir ?

LE MESSAGER.

Vous-mêmes, habitants de ce pays, vous pouvez le savoir mieux que moi.

ŒDIPE.

Y a-t-il quelqu’un de vous, ici présents, qui connaisse le berger dont parle cet homme, et qui l'ait vu, soit dans la campagne, soit à Thèbes ? qu’il me l’apprenne, car voici le moment de découvrir ce secret.

LE CHŒUR.

Je pense que c’est précisément le même berger retiré à la campagne, que tout à l’heure tu désirais voir. Mais Jocaste, que voici, pourrait le dire mieux que personne.

ŒDIPE.

Femme, penses-tu que le berger que nous avons envoyé chercher tout à l’heure soit celui dont parle cet homme ?

JOCASTE.

Quel est celui dont il a parlé ? Ne t’inquiète de rien, et oublie de vaines paroles.

ŒDIPE.

Non, rien ne pourra m’empêcher de rechercher les indices propres à me révéler ma naissance.