Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cris, et me brûle de ses feux, rejette-le loin de ma patrie, soit dans le vaste sein d’Amphitrite, ou sur les bords inhospitaliers de la mer de Thrace ; ce que la nuit a épargné, le jour le consume ; ô toi qui disposes de la foudre étincelante, ô Jupiter, écrase-le sous ton tonnerre.

(Antistrophe 3.) Dieu destructeur des loups[1], puisse ton arc aux cordes d’or lancer tes flèches invincibles et protectrices pour nous défendre, et Diane faire briller ses torches ardentes, avec lesquelles elle parcourt les montagnes de la Lycie ! O toi qui tires ton origine de ce pays, et dont une mitre d’or ceint le front, je t’invoque, riant Bacchus, compagnon des Ménades, viens avec une torche enflammée combattre le plus abhorré des dieux !



ŒDIPE.

Vous avez formé un vœu, et l’objet de ce vœu, si vous voulez écouter mes conseils, et faire ce qu’exige la nature du fléau, vous pourrez l’obtenir, (je veux dire) un remède et un soulagement à vos maux ; pour moi, étranger à ce qui a été dit de Laïus, étranger au crime, je partirai ; voici ce que j’ai à vous dire, car je ne saurais aller loin dans mes recherches, si je n’obtenais de vous quelque indice. Maintenant, moi qui compte récemment au nombre des citoyens, voici ce que je proclame à vous tous, habitants de la ville de Cadmus : Si l’un de vous sait quelle main a tranché les jours de Laïus, fils de Labdacos, qu’il me révèle tout, je l’ordonne ; et si la crainte retient le coupable, qu’il se dérobe à l’accusation en s’accusant lui-même, et se retire sain et sauf de ce pays, car il ne lui sera pas fait d’autre mal. Ou bien, si l’un de vous sait que le meurtrier vit sur une terre étrangère, qu’il parle ; je lui promets récompense, et, de plus, ma reconnaissance lui est assurée. Mais si vous gardez le

  1. Dans Électre, au v. 6, Apollon est appelé tueur de loups. Ce nom est pris ici dans le sens de libérateur. Cependant Pindare, Pyth. I, 75, et Horace, III, Od. IV, 62, appellent aussi Apollon dieu de Lycie.