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(Antistrophe.) En effet, vengeur des morts, Oreste s’avance d’un pied furtif dans le palais antique, demeure de ses pères, tenant à la main un glaive récemment aiguisé. Le fils de Maïa, Mercure, couvrant son piège de ténèbres, le conduit au but même, et ne tarde plus.



(Électre, qui avait suivi son frère dans le palais, revient sur la scène.)

ÉLECTRE.

O mes amies, à l’instant même ils exécutent leur dessein ; ainsi, attendez en silence.

LE CHŒUR.

Comment donc ? que font-ils maintenant ?

ÉLECTRE.

Elle prépare l’urne[1] pour le festin des funérailles[2] ; ils se tiennent auprès d’elle.

LE CHŒUR.

Et toi, pourquoi es-tu sortie du palais ?

ÉLECTRE.

Pour empêcher qu’Égisthe ne nous surprenne par un retour imprévu.

CLYTEMNESTRE, dans l’intérieur du palais

Hélas ! hélas ! ô palais vide d’amis, et rempli d’assassins !

ÉLECTRE.

On crie là dedans ; n’entendez-vous pas, mes amies ?

LE CHŒUR.

Malheureuse, j’ai entendu des choses horribles à entendre, et j’en frissonne.

CLYTEMNESTRE.

Ah ! malheur à moi ! Égisthe, où es-tu donc ?

ÉLECTRE.

Voilà que l’on crie de nouveau.

  1. L’urne qui est censée contenir les cendres d’Oreste.
  2. Repas funéraire en l’honneur du mort.