Hélas ! quelle est ton existence, sans époux et en proie à la détresse !
Pourquoi donc jettes-tu sur moi ces regards de tristesse ?
Ah ! je ne connaissais encore rien de mes malheurs.
En quoi les as-tu connus par mes paroles ?
En te voyant parée[1] de tes souffrances.
Et pourtant tu ne vois que la moindre partie de mes maux.
Et comment serait-il possible d’en voir de plus cruels ?
C’est que je suis forcée de vivre avec des meurtriers.
De qui ? Quel est ce meurtre de qui tu parles.
Ceux de mon père ; et, de plus, je suis contrainte d’être leur esclave.
Quel mortel te réduit donc à cette extrémité ?
On l’appelle ma mère, mais elle n’a rien d’une mère.
Que fait-elle ? emploie-t-elle la violence ou la faim ?
La violence et la faim, et toutes les cruautés.
Et tu n’as personne qui te défende, qui arrête sa fureur ?
- ↑ ᾿Εμπρέπουσαν. Dans les Choéphores d’Eschyle, Oreste dit d’Électre : πένθει λυγρῷ πρέπουσα, et v. 12, le Chœur des Choéphores, φάρεσιν μελαγχίμοις πρέπουσα.