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LE CHŒUR.

Celle-ci[1], du moins, si le message doit être porté par un des proches.

ORESTE.

Entre donc, ô femme, et annonce que des hommes arrivés de Phocide demandent Égisthe.

ÉLECTRE.

Ah ! malheur à moi ! venez-vous donc confirmer la triste nouvelle que nous avons reçue ?

ORESTE.

J’ignore le fait dont tu parles ; mais le vieillard Strophios[2] m’envoie apporter des nouvelles d’Oreste.

ÉLECTRE.

Eh bien ! qu’y a-t-il, étranger ? la frayeur me glace.

ORESTE.

Nous apportons, comme tu le vois, ses tristes restes dans cette urne légère.

ÉLECTRE.

Ah ! malheureuse que je suis ! le fait n’est que trop manifeste ! Je vois, je touche l’objet de ma douleur !

ORESTE.

Si tu pleures sur le malheur d’Oreste, sache que cette urne contient son corps.

ÉLECTRE.

O étranger, au nom des dieux, permets-moi, puisque ce vase le renferme, de le prendre entre mes mains, afin que je pleure sur cette cendre mes infortunes et celles de toute ma race.

ORESTE.

Approchez, donnez-lui cette urne ; car quelle qu’elle soit, elle ne la demande pas dans un esprit de haine, mais elle lui était sans doute unie par l’amitié ou par les liens du sang.

  1. Électre
  2. Sur Strophios, voir la note du v. 45.