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cesse sur son père, comme le rossignol plaintif, insouciante de la vie, prête même à mourir, pourvu qu’elle écrase deux furies[1]. Est-il au monde une fille plus digne de son noble sang ?

(Strophe 2.) Nul cœur généreux, atteint par le malheur, ne veut souiller sa gloire et perdre l’honneur de son nom. Toi aussi, ô ma fille, tu préfères, au sein des larmes, l’existence la plus chétive[2] en t’armant contre le crime, pour obtenir à la fois la double gloire d’être appelée sage et fille dévouée.

(Antistrophe 2.) Puisses-tu vivre triomphante de tes ennemis[3] par ta puissance et ta fortune, autant que tu es aujourd’hui assujettie à leur puissance ! car je te trouve en proie à un sort déplorable, mais donnant l’exemple de la soumission aux lois les plus saintes, par ta piété envers Jupiter.



ORESTE.

Femmes, dites-moi, avons-nous été bien informés, et sommes-nous en effet au lieu où nous voulons arriver ?

LE CHŒUR.

Que désires-tu, et que viens-tu chercher ici ?

ORESTE.

Égisthe et le lieu qu’il habite, voilà ce que je cherche depuis longtemps.

LE CHŒUR.

Tu es arrivé juste, et l’on ne t’a pas trompé.

ORESTE.

Qui de vous pourrait donc annoncer aux habitants de ce palais notre arrivée désirée ?

  1. Égisthe et Clytemnestre.
  2. Ahrens, dans l’édition de F. Didot, entend par πάγκλαυτον αἰῶνα κοινὸν, le sort déplorable commun à tous, c’est-à-dire la mort.
  3. Καθύπερθεν ἐχθρῶν. Cette expression se trouve déjà dans Hérodote, liv. VIII, ch. 60.