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LE CHŒUR.

Comment ?

ÉLECTRE.

Si, pour ceux que nous savons descendus aux enfers, tu me suggères des espérances, tu ne feras qu’insulter davantage à la douleur qui me consume.

LE CHŒUR.

(Antistrophe 1.) Ne savons-nous pas que le roi Amphiaraos périt enlacé par la main d’une femme dans des tissus d’or[1] ? et maintenant sous la terre...

ÉLECTRE.

Hélas ! hélas !

LE CHŒUR.

Il commande avec toute la plénitude de sa connaissance[2].

ÉLECTRE.

Hélas !

LE CHŒUR.

Oui, hélas ! car cette femme perverse…

ÉLECTRE.

A été punie de son crime.

LE CHŒUR.

Il est vrai.

ÉLECTRE.

Je le sais, je le sais ; il parut un vengeur qui mit fin au deuil d’Amphiaraos[3] ; mais moi, je n’en ai plus, car celui qui me restait encore m’a été ravi.

LE CHŒUR.

(Strophe 2.) Tu es malheureuse entre toutes les malheureuses.

  1. Allusion au collier d’or pour lequel Ériphyle trahit Amphiaraos son époux. Alcméon, son fils, le vengea en tuant Eriphyle.
  2. Πάμψυχος ; que le scholiaste explique ainsi : ό διασώσας πᾶσαν τὴν έαυτοῡ ψυχήν. Il rendait encore des oracles. Cicéron, de Divinat., I, 40 : « Amphiaraum autem sic honoravit fama Græciæ, deus ut haberetur, atque ut ab ejus solo, in quo est humatus, oracula peterentur. »
  3. Les âmes de ceux qui périssaient de mort violente passaient pour rester en peine, tant qu’elles n’étaient pas vengées.