main gauche, trois fois neuf rameaux d’olivier[1] et fais cette prière…
Œdipe. — Je veux l’écouter : la chose est très importante.
Le Coryphée. — Comme nous les appelons Bienveillantes, que d’un cœur bienveillant elles accueillent le suppliant qui apporte le salut : voilà ce que tu leur demanderas, toi-même ou tout autre à ta place, en parlant doucement, et sans élever la voix. Ensuite, il faut s’en aller, sans se retourner. Quand cela sera fait, je m’approcherai de toi avec confiance ; autrement, je craindrais pour toi, étranger.
Œdipe. — Mes filles, vous entendez ces étrangers, habitants du voisinage ?
Antigone. — Nous avons entendu, et ce qu’il faut faire, prescris-le.
Œdipe. — Pour moi, je ne puis marcher ; j’en suis incapable, parce que je n’ai pas de forces et que je n’y vois pas : c’est là une double infirmité. Que l’une de vous deux y aille et qu’elle fasse ce qui a été dit. Une seule personne, je pense, en vaut un grand nombre et suffît à accomplir ces prescriptions, si elle y met du zèle. Hâtez-vous d’agir, mais ne me laissez pas seul. Je ne pourrais pas faire un pas, si j’étais abandonné et sans guide.
Ismène. — Eh bien, j’irai sacrifier, mais le lieu, où faudra-t-il que je le trouve ? Voilà ce que je veux apprendre.
Le Coryphée. — C’est dans cette partie du bois, étrangère, que tu vois ici. S’il te manque quelque chose, tu y trouveras quelqu’un qui te renseignera.
Ismène. — J’irai ; toi, reste, Antigone, et veille sur notre père : qui pour ceux qui lui ont donné la vie, prend de la peine, de cette peine ne doit même pas garder le souvenir.
- ↑ Sophocle était un homme très religieux : il faut s’en souvenir pour comprendre comment il a pu donner tant d’attention à toutes ces minuties rituelles.
elle lui rappelle v. 1199 sq., quelles suites fâcheuses peut avoir la colère.