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raison pour t’irriter contre moi et me faire des reproches.

PHILOKTÈTÈS.

Je l’avoue. Tu as montré, ô fils, de quelle race tu sors, non d’un père tel que Sisyphos, mais d’Akhilleus qui passait pour le meilleur parmi les vivants, aussi longtemps qu’il a vécu, et maintenant parmi les morts !

NÉOPTOLÉMOS.

Je me réjouis de ce que tu loues mon père et moi-même ; mais entends ce que je désire de toi. Il est nécessaire que les hommes supportent tous les maux qui leur arrivent par la volonté des Dieux ; mais il est juste de n’accorder ni pardon, ni pitié, à ceux qui se jettent d’eux-mêmes dans le malheur comme tu le fais. Tu t’effarouches et ne reçois aucun conseil, et tu hais qui t’avertit avec bienveillance, et tu le regardes comme un ennemi funeste. Je parlerai cependant, attestant Zeus qui punit le parjure. Écoute mes paroles et grave-les dans ton esprit. Tu as été affligé de ce mal par les Dieux, pour t’être approché du gardien de Khrisè, du Serpent vigilant qui, caché lui-même, garde l’autel découvert. Sache que tu ne trouveras aucun terme à ce mal terrible, aussi longtemps que Hèlios se lèvera ici et se couchera là, avant que tu sois venu de bon gré vers les plaines de Troia, où, à l’aide des Asklèpides qui sont des nôtres, tu seras guéri de ton mal et tu renverseras, avec ton arc et avec moi, la citadelle d’Ilios. Voici comment je sais ce que je dis. Hélénos, l’excellent divinateur que nous avons pris dans Troia, a prédit clairement que les choses seraient ainsi. En outre, il dit qu’il est