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ce lieu n’est plus défendu ni à craindre désormais pour vous ! Venez ! l’instant est propice de rendre tuerie pour tuerie et de vous repaître de ma chair tachée de plaies, car je vais bientôt quitter la vie. D’où, en effet, me viendra la nourriture ? Qui peut vivre d’air, quand il n’a plus rien de ce que produit la terre nourricière ?

LE CHŒUR.

Par les Dieux ! si tu fais quelque attention à un hôte, montre-moi la même bienveillance que je t’ai montrée. Sache, sache bien qu’il est en ton pouvoir de te délivrer de ce mal. Il est, en effet, misérable à nourrir, et on ne peut le supporter à cause des douleurs infinies qui y sont jointes.

PHILOKTÈTÈS.

De nouveau, de nouveau tu rappelles ma douleur ancienne, ô toi, le meilleur de tous ceux qui ont abordé ici. Pourquoi me tuer ? Que me fais-tu ?

LE CHŒUR.

Qu’as-tu dit ?

PHILOKTÈTÈS.

As-tu espéré m’emmener vers l’odieuse terre de Troia ?

LE CHŒUR.

Je crois que ceci serait pour le mieux.

PHILOKTÈTÈS.

Abandonnez-moi donc.