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LE MARCHAND.

Je ne sais rien de ceci, mais je vais à ma nef. Qu’un Dieu vous soit en aide !

PHILOKTÈTÈS.

N’est-il pas amer, Ô enfant, que le fils de Laertès espère m’emmener, après m’avoir persuadé par de douces paroles, et me montrer au milieu des Akhaiens ? Non, certes. J’écouterais plus volontiers l’exécrable vipère qui m’a rendu boiteux ! Mais il n’est rien qu’il ne dise ou qu’il n’ose. Maintenant, je le sais bien, il viendra. Ô fils, partons ! Que beaucoup de mers nous séparent de la nef d’Odysseus ! Allons ! Qui se hâte à temps peut jouir du sommeil et du repos, son travail étant achevé.

NÉOPTOLÉMOS.

Quand le vent qui souffle de la proue tombera, nous détacherons la nef. Maintenant il est contraire.

PHILOKTÈTÈS.

Le vent est toujours favorable quand on fuit le malheur.

NÉOPTOLÉMOS.

Je le sais, mais ce souffle leur est aussi contraire.

PHILOKTÈTÈS.

Nul vent n’est contraire pour les voleurs, s’ils veulent piller et violenter.