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en effet, le crime ne date pas de l’heure même où Elsbeth se donne la mort, il remonte au jour où elle a dérangé l’ordre des choses voulues par Dieu en prenant la place d’une mère, vivante encore, auprès de sa fille abusée. Cette présomption, toute mêlée qu’elle ait pu l’être de magnanimité, est punie par le remords et la terreur qui tout à coup en présence du mal qu’elle a fait, s’emparent d’Elsbeth, comme jadis les Furies de leur victime, et l’égarent au point de lui faire détruire volontairement une vie qui ne peut être désormais que funeste à ceux qu’elle aime. Il faut sinon dans la réalité, qui comporte les demi-mesures et les demi-solutions, du moins dans le roman, dont le sujet doit être conduit à ses conclusions extrêmes, il faut qu’Elsbeth meure, puisqu’elle a épousé Waldheim. Les deux événements : ce mariage, cette mort, ne sont qu’une même faute inspirée par le dévouement sans doute, mais néanmoins injustifiable.

On m’a demandé pourquoi je n’avais pas, de préférence, sacrifié Waldheim lui-même. Parce que Waldheim est un égoïste, et qu’il est avéré