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LE PARFAIT MARESCHAL.

Chap.
ⅹⅼⅵ
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Quoy que la coloquinte soit ennemie des intestins, & qu’il semble qu’elle doive estre contraire à ce mal qui y a son siege, neantmoins estant preparée de la sorte, sa qualité acre & veneneuse est temperée par l’huile, & se peut donner avec seureté, parciculierement dans le bouillon de trippes ou de testes de mouton.

Cette huile peut servir à purger les Chevaux qui ont beaucoup souffert de fatigues, qui sans aucune incommodité apparente ne peuvent engraisser, quoy qu’ils mangent beaucoup.


CHAP.
ⅩⅬⅦ.
De la quatriéme espece de Tranchées.


LA quatriéme espece de Tranchées est causée par les vers, qui s’attachent aux parois de l’estomach & aux gros boyaux, qui causent de si grandes douleurs aux Chevaux qu’ils en font des actions de desespoir, & se laissent choir à terre, y restans sans mouvement comme s’ils estoient morts.

Ces vers qui donnent des tranchées sont pour l’ordinaire larges, gros & courts comme de petites féves, de couleur rougeâtre ; il y en a qui sont longs & blancs, pointus par les deux bouts, mais ces derniers ne sont pas si méchans que les premiers, & causent peu souvent des tranchées. Ces petits vers rongent souvent les boyaux & les percent, c’est d’où procedent ces douleurs insupportables. Il faut bien remarquer que c’est des premiers vers que j’ay dit, que vient tout le mal, & mesme qui percent l’estomac, & font mourir les Chevaux.

On connoist que les Chevaux ont des vers qui causent les tranchées, lorsqu’on en trouve de temps en temps parmy la fiente ; mais les rouges sont assez mal-aisez à discerner, estans prefque de la mesme couleur que la fiente : On s’apperçoit aussi lors que les douleurs pressent les Chevaux, qu’ils se mordent les flancs, & emportent souvent la piece du cuir comme s’ils estoient enragez ; ensuitte ils se regardent les flancs, & suent par tout le corps, dans leur accez ils se jettent par terre, se levent & se débattent.

Je ne parleray point icy de plusieurs sortes de vers ausquels les Chevaux sont sujets, j’en feray un Chapitre particulier, ne m’attachant icy qu’à expliquer ce qui concerne les tranchées.

Quand un Cheval est tourmenté des vers, il faut méler une demie once de sublime doux avec une once & demie de theriacque vieille, & du tout former trois pilulles qu’on luy fera aval-