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documents et notes sur le velay

Cette poésie naïve, ce chant d’église aux rimes sonores, célèbre, il n’est pas besoin de le dire, un trépas imaginaire, entouré d’accessoires merveilleux, mais le fonds du récit n’est point d’invention pure. La tradition a conservé, en le transformant, le souvenir d’un fait certain : le passage de Rodrigue à Aurec. Il est présumable, dit avec raison le savant éditeur de La Mure, Histoire des ducs de Bourbon, t. II, p. 147, à la note, « que Rodrigue ou l’un de ses capitaines, ayant traversé Aurec, aura dû commettre un sacrilège dans l’église du lieu, et que la pieuse imagination des habitants aura inventé, pour la satisfaction de la justice céleste, la légende de cette fin tragique. »… Antoine Du Verdier plaçait vers 1422 l’événement d’Aurec. Cette date est forcément inexacte. À cette époque Rodrigue venait de quitter la compagnie de Sévérac et commençait à peine la levée de sa bande. Il vaut mieux, ce semble, et d’après une tradition locale, adopter la date de 1434. Il est certain qu’en cette année Rodrigue apatisait nos régions vellaves. Dom Vaissette édit. Du Mège, t. VIII, p. 52, et après lui notre Arnaud, t. I, p. 252, disent formellement qu’en décembre 1434 Rodrigue, à la tête de huit cents routiers, désolait notre pays.

En dehors des quatre époques ci-dessus relatées, on ne trouve sur le passage de Rodrigue en Velay que des traditions confuses. Notre recueil n’est point œuvre d’imagination, mais de recherche méthodique. Il faut nous contenter des résultats acquis, renoncer aux hypothèses et convier les curieux à compléter, par de nouvelles trouvailles, notre modeste étude. Le rôle de Rodrigue de Villandrando en nos montagnes est un thème bien séduisant pour les fureteurs d’histoire locale.



Ire série, 1878.