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de grand’route, et qu’il se conduisit à l’égard de son prince en conseiller loyal, en gentilhomme fidèle. Son biographe, Hernando del Pugar, nous apprend qu’il s’achemina par la prière, le jeûne, les bonnes œuvres et la contrition à l’éternité, dans laquelle il s’endormit à l’âge de soixante-dix ans. D’après l’époque présumée de sa naissance, sa mort advint dans les premières années du règne de Henri IV de Castille[1]. Après avoir perdu en Espagne sa première femme, Marguerite de Bourbon, le comte de Ribadeo s’était remarié, n’ayant aucun hoir légitime, avec Dona Béatrix de Zuniga, fille du seigneur de Monterey. De cette seconde union il eut un fils, Pierre de Villandrando, comte de Ribadeo, mort sans alliance, et une fille Dona Marina de Villandrando, dont le fils, Don Diego Gomez de Sarmiento de Villamayor, recueillit l’héritage de son grand-père[2].

Tel fut l’homme, qui a laissé en France et surtout dans ce Languedoc « qu’il avait chevauché de long et de travers[3] » un souvenir exécré, dont les échos vivent encore en nos régions. En somme, Rodrigue ne fut ni meilleur ni pire que son entourage. Il fut de son époque et en refléta les mœurs étrangement faciles. À les voir de bien près, les plus braves capitaines de Charles VII, La Hire, Sévérac, Saintrailles, infligèrent au pauvre peuple les mêmes outrages et montrèrent une avidité non moins tenace. Si les campagnes et les villes avisèrent spécialement au milieu de la tourbe de leurs oppresseurs le castillan Rodrigue, cette déplorable notoriété est due sans doute au grand nombre de gens d’armes attirés sous les enseignes du capitaine par sa réputation de bravoure et son incontestable capacité militaire. Ne jugeons point de tels hommes avec les idées actuelles. Certes, ce serait un stupide sacrilège que d’établir

  1. Henri IV monta sur le trône de Castille le 21 juillet 1454.
  2. Quicherat, loc. cit.
  3. Expressions d’une quittance donnée le 6 avril 1437, par Jean de Caramau, seigneur de Noailles, en vertu de la délibération des États de Languedoc. du mois de novembre 1436, relative à Rodrigue (Cabinet des Titres, Bibl. nat.).