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Une grande querelle s’étant élevée dans le Languedoc entre les deux familles rivales de Foix et d’Armagnac, Rodrigue mit cette brouille à profit. Il avait pensé d’abord à rançonner le Velay où des luttes très-vives avaient lieu entre le clergé et la noblesse du pays, mais le Sénéchal de Beaucaire, Jean de Villa, commis par ordonnance du roi, de juillet 1432, vint au Puy dans le mois d’août suivant et pacifia les différends. Rodrigue se retourna de suite contre le Languedoc : ses bandes débouchèrent de toutes les vallées à la fois, par Alais, par Anduze, par Saint-Ambroix, par Ganges et le Cheylard, et, après avoir exercé de mars à octobre 1433 d’horribles excès dans le Midi, s’en revinrent, chargées de butin, reprendre leurs quartiers d’hiver en Rouergue et en Auvergne[1]. En 1434, Rodrigue fit campagne en Bourgogne et en Beaujolais, côte-à-côte avec le duc de Bourbon, son beau-frère, et causa au duc Philippe-le-Bon de cuisants soucis : dans le mois de décembre de cette année, Rodrigue se trouvait dans le pays vellave avec huit cents routiers[2]. Après le traité d’Arras (octobre 1435), on le rencontre aux environs de Mende où il fut rejoint par la compagnie récemment formée des Écorcheurs. Le Gévaudan obtint la retraite des routiers moyennant la rançon de 22000 moutons d’or. C’est évidemment à cette date de 1435 qu’il faut placer l’expulsion des Roteyrols, que l’Inventaire du Chapitre de Mende, plus haut cité, fait à tort remonter à l’an 1418[3].

De 1436 à 1437, Rodrigue conduisit ses troupes dans le Limousin et jusqu’aux environs d’Orléans, puis redescendit en Albigeois : il était alors au faîte de sa puissance et comptait dans ses rangs dix mille hommes, prétendent Hernando del Pugar et les autres écrivains espagnols, huit mille seulement au dire de notre chroniqueur Jean Chartier. Le héraut Berry dit en termes moins topiques « qu’il avoit la plus grande compagnie de tous

  1. Quicherat, loc. cit.
  2. Dom Vaissette, édit. Du Mège, t. VIII, p. 52.
  3. Quicherat, loc. cit.