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le phylloxera

gnant les couches profondes se sont mis à l’abri du danger, se logent non plus sur les radicelles dont ils n’ont pas besoin l’hiver, mais sous l’écorce des racines moyennes. Ils revêtent une robe brune, s’engourdissent pendant toute la saison rigoureuse, et attendent que la terre se soit réchauffée, que la vigne commence à pousser pour recommencer leurs désastreux exploits. Ne comptons donc pas sur l’hiver pour le détruire, ce terrible fléau : certes son envahissement sera chez nous moins rapide que dans le Midi, nous n’aurons que cinq générations, quatre peut-être, mais encore y en aura-t-il assez pour arriver rapidement à la perte absolue des vignes de la Haute-Loire.

Jusqu’à présent, Messieurs, nous avons constaté des faits, signalé des désastres, recherché quelle pouvait en être la cause. Un malheur aussi grand que celui de la destruction des vignes françaises devait nécessairement susciter l’étude des moyens destinés à détruire le mal. Le gouvernement lui-même s’est ému de la situation. Un prix de 300,000 francs a été proposé par la Chambre à celui qui trouverait un remède assez efficace pour faire disparaître le phylloxera. Le désir d’être utile à son pays, l’espoir de gagner une forte récompense, la perspective d’une spéculation heureuse, soulevèrent tous les esprits. Tout le monde se mit à l’œuvre, et à côté des travaux sérieux des hommes les plus éminents de la science en France et même à l’étranger, on vit surgir les idées les plus bizarres, les propositions les plus éloignées de toute théorie scientifique.

Placée au centre des dévastations, dans une région plus intéressée que toute autre à la conservation des vignes, sources de sa richesse, la Société d’agriculture de Montpellier, qui compte dans son sein les hommes les plus savants et en même temps les plus pratiques de la contrée, s’est distinguée entre tous par sa patience à tenter tous les moyens qui étaient proposés.

Trois cent dix substances ont été essayées par elle avec toute l’impartialité qu’on était en droit d’attendre d’expérimentateurs aussi sérieux, aucune ne semble avoir donné des résultats satisfaisants, nous verrons tout à l’heure pourquoi.