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lettre des consuls de saugues

rien laissé à nous, ny audict païs, qu’ilz n’ayent ravaigé ; prins et admené tous le bestial, meuble et bien qu’ilz ont peu trouver, ayant tellement tiré par impozitions, cottizations et surcharges la substance de ceste pauvre ville et pays qu’ilz et nous sommes du tout accablés ; n’ayant laissé ny ne laissent seullement que les terres, sans que l’on aye moyen ny de quoy les laborer et semer ; thué et murtry plusieurs allans et venans, jusques aux femmes, dans leurs maisons ; choses grandement déplorables et pitoyables de voir ceste pouvre ville et païs à telle extremité que d’estre par la famine et concussions plus que la moitié du peuple ce meurt de faim. Dieu par sa sainte grâce, y veuilhe provoir. Telz ravages et impozitions ne sont venues en plusieurs aultres lieux de ce païs au lieu des quelz peuvent bien contribuer, secorir et ayder maintenant ez affaires qui se présentent en attandant que ce cousté de païs soit ung peu remis pour porter ce que pourra. Vous suppliant très-humblement croyre qu’il y a plus de pitié, pouvreté et comisération que l’on ne sauroict escribre, jusques à voir la plus grand partie des habitans de ceste ville, qui avoyent acoustumé porter de charges, parmi les prez, mangeans de l’herbe : et aultant ou plus en est aux villaiges à l’entour, et non sans raisons, car puis vingt-cinq ans ceste ville et païs à l’antour a esté tousjours chargée de compaignies de gens de guerre, munitions, impozitions, et par exprez l’année passée que tous les regymens à pied et à cheval et monition que ordonnastes ont du tout accablé et mis à bas ceste ville et païs qui soulloit contribuer à icelle. C’est pourquoy, Messieurs, qui estes amplement advertis de tout ce dessus, et qui avez tous affaires en main pour viser au solaigement du peuple qui le mérite, en considération de ce que vous estatz et registres sont chargés de l’obeyssance et debvoir que ceste pouvre ville a toujours presté n’estant cause dez malheurs qui se présentent, que nous vous pryons pezer et de pretz avoir devant vous yeulx les misères et pouvretés, affin que par vous ceste ville et pays à l’antour soit soulagé, si estes en voulonté le charger, car, pour le présant jusques estre remis, il est du tout impossible en tirer secours ez affaires qui ce presantent, ausquelz Dieu aydant, ceste ville avec le temps contribuera sellon ce que pourra et que vous, vous conseilz jugeront mériter, eu esgard aux charges que dessus et aultres souffertes à vous notoires ; et si, nous excuzerez, s’il vous plait, de ce que ne sommes venus pour vous remonstrer ce dessus et nous trouver à vostre assemblée, que regretons ; pour quoy faire estans en chemin, les volleurs ayant faict trois embusquades, comme font tous les jours pour le grand nombre de gens qui est au Malzieu, afün de nous atraper, avons esté constrainctz à grand peyne