Page:Société des amis des sciences, de l’industrie et des arts de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1878, Tome 1.djvu/439

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
363
des séances

« L’auteur de cette prose rimée ou séquence (comme on disait autrefois) est resté longtemps incertain. Les divers dictionnaires liturgiques qui se sont succédés, diffèrent presque tous d’opinion à ce sujet.

« Mais aujourd’hui la lumière s’est faite, et le moine Giacomo-Benedetti-Jacopone da Todi (1305 de J.-C.) est généralement regardé comme l’auteur de cette complainte religieuse[1].

« Me trouvant à Rome, en 1868, je fis, à propos du Stabat, une curieuse découverte. Jacopone da Todie[sic], paraît-il, ne composa point son Stabat Mater pour la fête de la Compassion de la Vierge, mais pour celle de la Nativité de Jésus-Christ (Noël). On en trouve la preuve dans une brochure italienne intitulée : Il Cristo, Oratorio sacro, dat commendato francesco Liszt. Roma, tipografia Tiberina, 1867, pages 6 et 12.

« Le Stabat originel fut donc un chant de joie et de triomphe. Il commence ainsi :

Stabat mater speciosa
Juxta fœnum gaudiosa,
Dum jaccbat parvulus.

Cujus animam gaudentem,
Lœtabundam et ferventem
Pertransivit jubilus.

« Il n’est pas besoin, je pense, de faire remarquer l’analogie et, mieux, la parité de ce Stabat avec le Stabat Mater dolorosa, que l’Église chante au temps de la Passion.

« Que Jacopone da Todi soit l’auteur de l’un et de l’autre, ceci paraît être hors de doute, abstraction faite même des témoignages précieux de Vadingo, de Sbaraglia, de Fontanini et d’Ozanam.

« Arrivons maintenant aux transformations, je devrais dire aux mutilations qu’a subies le Stabat, depuis son origine jusqu’à nos jours. En passant sous silence quelques altérations peu saillantes qui se sont glissées dans le texte, attachons-nous surtout aux deux

  1. Origines et raisons de la Liturgie catholique en forme de dictionnaire, par l’abbé J.-B.-E. Pascal Collection Migne. Petit-Montrouge, 1844… aux mots : « la Compassion de la Vierge. »