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sur le rétablissement des tours

Le tour ne diminuera pas le nombre des avortements ; ce nombre n’a ni plus ni moins de corrélation avec le régime des tours qu’avec tout autre régime d’admission. La fille ou femme qui, au risque d’altérer sa santé et même au péril de sa vie, a résolu de ne pas attendre l’accouchement naturel, ne se préoccupe nullement du régime existant.

Il y a lieu d’établir des catégories entre les femmes qui deviennent enceintes par suite de relations illégitimes.

La femme jouissant d’une certaine aisance, lorsqu’elle se décide à se faire avorter, entreprend un voyage, séjourne en un lieu déterminé, ville ou campagne, et là se confie à une… discrète personne qui débarrasse et traite sa cliente (quelquefois nommément inconnue) pour un prix modéré !… La faute est effacée comme elle n’aurait pu l’être par l’accouchement normal. Plus de crainte de la honte, pas de déconsidération jetée sur la famille : la grossesse n’a point paru, le public ne s’est douté de rien… À quoi bon l’institution du tour ?

Une seconde catégorie, celle des ouvrières, se subdivise. L’ouvrière lancée dans un milieu intelligent mais perverti, sait à l’avance à qui elle pourra s’adresser ; si une grossesse survient, elle connaît une recette !… Elle se promet d’en user, le cas échéant !… D’ailleurs, elle a quelquefois pour conseiller le complice de son libertinage, qui, intéressé dans la question, après l’avoir aidée dans ses recherches, ne craint pas de l’aider encore dans l’accomplissement du crime. D’autres ouvrières retenues par la peur très-fondée d’altérer gravement leur santé, ou, obéissant à de bons conseils, résistent à la tentation de l’avortement. Elles sont moins nombreuses que les précédentes.

D’autres enfin vivent dans un milieu qui ne pratique pas la science abortive parce qu’il est peu accessible à la honte. Dans ce milieu, on arrive au terme de la grossesse et on s’adresse facilement à l’administration.

Une troisième catégorie, la plus nombreuse, se compose des paysannes et des domestiques. Généralement disposées à élever