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lettre des consuls de saugues

les campagnes, frappaient des impositions, enlevaient dans les fermes le bétail et les grains et semaient la terreur jusqu’aux portes de Saugues. Du haut de leurs murailles les habitants de cette ville voyaient parfois les ennemis caracoler dans la plaine, incendier les chaumières et traîner à leur suite le fruit de leurs rapines. Nul n’osait s’aventurer hors des remparts. Des bandes armées rôdaient sans cesse dans les environs, interceptant les routes et empêchant l’arrivage des marchandises et des vivres. En un mot, Saugues était en état de blocus, la disette s’y faisait sentir, et beaucoup de citoyens, en proie aux souffrances de la faim, étaient réduits à manger l’herbe des prés.

C’est ce qu’atteste la lettre suivante écrite le 11 juin 1586 par les consuls de Saugues aux députés du diocèse de Mende. Tout commentaire sur ce document devient inutile ; il parle assez de lui-même.

L’aventure du pauvre bourg du Malzieu est assez connue. Le duc de Joyeuse, grand amiral de France, vint du fond de l’Auvergne, avec une forte artillerie et des troupes solides, mettre le siége devant cette place. Au premier coup de canon, les assiégés, sentant l’inutilité de leur résistance, s’empressèrent d’ouvrir leurs portes. Voici comment l’abbé Teilhard, dans son manuscrit déposé à la bibliothèque publique de Clermont, raconte la capitulation.

En 1586 les provinces d’Auvergne, de Velay, de Rouergue et du Gévaudan se trouvant souvent incommodées par les courses et les pillages des religionaires, prièrent M. de Joyeuse, amiral de France, de venir dans ces cantons pour les purger des pillars qui tenaient plusieurs villes et beaucoup de châteaux. Ce seigneur arrive à Brioude le 1er août avec soixante chevaux et quatre canons, et, à même temps, y arrivèrent aussi les compagnies d’hommes d’armes de Lavardin et de Sipière avec les arquebusiers à cheval de l’amiral. Le lendemain arrivèrent aussi à Brioude les lansquenets avec six canons envoyés de la ville du Puy. Alors aussi courut le bruit que le siége de Courpeire avait été levé par l’avis qu’eurent les assiégeants de l’arrivée de l’amiral, car cette place avait été assiégée par le Sr de Chatillon qui l’a-