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statue de marguerite de valois

en devint le plus bel ornement, et ne brilla pas moins sous son successeur, François Ier. Elle y fut la providence des gens de lettres, des savants, des artistes, et prit même part aux affaires de l’État, donnant souvent les meilleurs conseils au roi, son frère, qu’elle chérissait beaucoup. « Son discours était tel, dit Brantôme, que les ambassadeurs en étaient grandement ravis. » — « Aussi, ajoute Clément Marot qui l’appelait sa « sœur de poésie », par l’industrie de son gentil esprit, elle surpassait la finesse des diplomates les plus consommés ».

Chrétienne animée d’une foi vive, mais éclairée, Marguerite était douée d’un noble caractère qui répugnait aux préjugés et aux superstitions, legs de l’ancien paganisme. Accueillant avec une curiosité sympathique les idées nouvelles, elle défendit avec énergie contre la Sorbonne les malheureux injustement poursuivis par ce tribunal redoutable ; « mais, comme le fait observer M. Nisard, Marguerite, à l’aide de l’appui du roi, son frère, put jouer le noble rôle de protectrice des lettres, sans donner aucun ombrage, ni exciter à la résistance, en favorisant ce qui était suspect, et en protégeant ce qui était opprimé ». C’est à sa salutaire influence que l’on doit de nombreuses fondations à Paris et dans les provinces ; par exemple, la création du Collège de France, dont on offrit la direction à Érasme, grand philosophe de ce siècle.

À l’âge de dix-sept ans, en 1509, elle se maria, malgré son peu de sympathie, à Charles IV d’Alençon qui, en effet, ne méritait pas une épouse aussi distinguée. Ce fut alors que, le cœur plein d’amertume et entièrement adonné à Dieu, elle composa cette devise qui résumait l’état de son âme : une fleur de souci regardant le soleil, avec ces mots : Non inferiora secutus, c’est-à-dire : « Ne s’arrêtant aux choses d’ici-bas. » Elle avait aussi adopté plusieurs autres emblèmes, notamment : un lis avec deux marguerites, et cette inscription : Mirandum naturæ opus, « œuvre admirable de la nature ».

Après la funeste bataille de Pavie (1525), Marguerite se rendit en Espagne, pour consoler son malheureux frère et ranimer