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bertrand de chalancon

notable de l’aristocratie vellave. Les seigneurs, amis et parents des Rochebaron, ne voulurent point se dédire et soutinrent leur candidat : la couronne, à son tour, prit énergiquement parti pour Robert de Mehun, ainsi que l’atteste l’investiture de 1214. C’en est assez, avec les mœurs du temps et les intérêts locaux engagés dans un pareil conflit, pour croire à une lutte sérieuse, à une guerre dont le frère Théodore[1] fait pressentir la violence. On peut donc se demander avec M. Rocher si la sinistre aventure de 1219 n’est point le contre-coup d’une injure récente, la revanche des Rochebaron de leur défaite de 1213 ? Il faut interroger à cet égard un document que nos historiens citent sans l’approfondir. C’est la bulle fulminée à Viterbe le 27 juillet 1220 et par laquelle le pape Honoré III notifie aux deux évêques de Viviers et de Saint-Paul-Trois-Châteaux les conditions mises à la pénitence publique de Robert de Cares et de ses complices.


Piaculare flagitium, quod Bertrandus de Cares et ejus complices commiserunt, bonæ memoriæ Aniciensem episcopum crudeliter occidendo, flere libet potius quam referre, ipsa immanitate flagitii verba profundis intercidente suspiriis, et lacrymas invitis etiam oculis exprimente. Quem enim non moveat, quisve siccis oculis recitet, virum nobilitate spectabilem, dignitate insignem, meritis vitæ laudabilem, dominum a vassallis, pium ab impiis, patrem a filiis pro tuenda ecclesiæ sibi commissæ justitia interemptum ? Licet autem multi adversus Deum et adversus Christum ejus convenerint, dictus tamen Bertrandus universorum et singulorum nequitiam supergressus, solus, cum ordinatum fuisset, ut dicitur, ne quis ipsum episcopum tangeret, in eum sacrilegas manus extendere, ac armatus inermem, mansuetum crudelis, patrem filius occidere non expavit.

Tanti ergo facinoris atrocitate permoti, eumdem Bertrandum, et ejus in tanta impietate consortes, qui ad nostram presentiam accesserunt, longo tempore sustinuimus ante fores palatii nostri excubare discalceatos et nudos, auras et oculos ab eorum ejulatibus et lacrymis avertendo, ut et ipsi per difficultatem hujus enormitatem flagitii sui plenius intelligerent, et alii

  1. Histoire de l’Église angélique, p. 273.