Page:Société des amis des sciences, de l’industrie et des arts de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1878, Tome 1.djvu/302

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
mémoires

trées étrangères pour servir sous l’étendard de l’Église[1]. Un grand nombre de laïques, d’adolescents et de vieillards étaient accourus un simple bourdon à la main, afin d’attester leur foi et de mériter les indulgences pontificales. Cette armée tumultueuse partit de Lyon vers la fin juin, suivit la rive gauche du Rhône, traversa le Comtat Venaissin, fit une halte de quelques jours à Montpellier, et, le 21 juillet, campait aux portes de Béziers. Le comte de Toulouse, Raymond VI, qui avait conquis le pardon du pape par l’humiliante pénitence de Saint-Gilles (18 juin), se trouvait au nombre des assiégeants, sous les ordres du généralissime Arnaud, abbé de Cîteaux, et venait à contre-cœur prêter main-forte aux ennemis de son neveu, le vicomte Roger Trencavel. Guillaume de Tudèle, dans sa Cansos de la Crozada, fait le dénombrement des divers peuples, réunis devant Béziers… « L’host (des croisés) fut merveilleusement grand, par ma foi. Il (s’y trouvait vingt mille cavaliers armés de toutes pièces, et plus de deux cent mille tant vilains que paysans ; et je ne compte ni les bourgeois ni les clercs. De près, de loin toute l’Auvergne (y est venue) ; (il y a là de la gent) de Bourgogne, de France et de Limousin, il y en a du monde entier. (Il y a des Allemands, des Theois, des Poitevins, des Gascons, des Rouergats, des Saintongeois[2]… » Il se trouvait donc dans l’armée principale, qui attendait devant Béziers l’arrivée des renforts, un grand nombre de nos compatriotes, car nos pères étaient connus alors en Occitanie sous la dénomination générique d’Alvernhas, mais la véritable

  1. Histoire des comtes de Toulouse, par Moline de Saint-Yon, Paris, t. III, pp. 140 et sq.
  2. La ost fo meravilhosa e grans, si m’ajut fes :
    XX. melia cavaliers armatz de totas res
    E plus de .CC. melia que vilas que pages ;
    En cels no comti pas ni clergues ni borzes.
    Tota la gens d’Alvernhe, e de lonh e de pres,
    De Bergonha e de Fransa e de Lemozines ;
    De tot le mon n’i ac : Alamans e Ties,
    Peitavis e Gascos, Roergas, Centonges…