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matin, environ estant demie heure de jour, nous trouvames ladicte maison très petite en effet, mais très bien bastie de pierres de taille, où il n’y avoit qu’une seule porte et une seule fenestre, et devant ladite porte il y avoit une palissade de très gros pieux de bois, fort profondément plantez en terre et s’élevants hors d’icelle de quinze pieds ou environ, coupez en pointe par le haut, lesditz pieux posez tous les uns joignants les autres et fortiffiez et liez ensemble par de grosses pièces de bois en travers, y ayant à ladite palissade une grosse porte, laquelle nous aurions trouvée très bien fermée, à ladite fenestre nous aurions vu qu’on y avoit basti jusques aux deux tiers de hauteur d’icelle un parapet ou meurtrière, au moyen duquel l’on pouvoit tirer sans danger sur ceux qui attaqueroient ladite palissade et ladite porte ; ayant bien examiné toutes ces choses, nous aurions posté nos gens au mieux qu’il nous auroit esté possible le tout sans estre découvert de ceux du dedans. Allors nous aurions frappé à la porte et demandé d’entrer de la part du Roy, mais nous aurions veu ledit Mosle s’approcher de la fenestre et pour toute response nous tirer divers coups de pistolletz ou de fusils, et d’autres personnes nous tirer aussi divers coups et crier de toutes leurs forces : Au secours, et lancer par le haut de la fenestre de gros quartiers de pierre, ce que voyant, nous aurions ordonné à nos archers de procéder à l’ouverture et fraction des portes de ladite palissade et de ladite maison, à quoy il auroit esté employé une heure entière, et avec de très grandes peines on auroit rompu lesdites portes, nosditz archers se relayant les uns après les autres, ce que estant fait, nous nous serions jeté dans ladite maison, ayant à nostre costé le nommé Claude Mourgues, et derrière nous le nommé Claude Lavallée, deux de nos archers, croyant avec eux et suivi des autres monter par le degré de la chambre haute. Nous aurions veu que l’on avoit tiré ledit degré dans ladite chambre haute, et qu’il y avoit contre nous des boustz d’armes à feu qui passoient par des trous du plancher, faitz exprès ; en mesme temps ledit Mosle et ses assistans les auroient laschez contre nous, et auroient tué sur la place nos deux archers ; nonobstant quoy ne pouvant nous résoudre de laisser échapper ledit Mosle, nous faisions tous nos efforts pour pouvoir entrer dans ladite chambre haute et y forcer ledit Mosle, y apportant toutes les précautions possibles. Nous espérions même d’y réussir, mais aux cris continuels dudit Mosle les peuples de Chambon et des lieux voisins, tous de la religion prétendue réformée, ayant pris les armes, nous les aurions veus venir avec des cris furieux, fondre sur nous, et respondant audit Mosle, qui