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documents et notes sur le velay

lent et envahisseur. Après leur émancipation elles voulurent empiéter sur les autres pouvoirs et devenir, à leur tour, conquérantes et agressives. Nos consuls avaient trop de peine à vivre pour songer au bien d’autrui. Ils s’interdirent toute ingérence dans les attributions de la justice ou les prérogatives du gouvernement central. « À en juger, dit Augustin Thierry, par les chartes de Lyon, de Vienne et de Valence, le régime municipal semble réduit, dans ces contrées, aux seuls droits d’administrer et de garder la ville sans aucun droit de juridiction contentieuse ou volontaire[1]. » Les Couosses[2] au Puy se bornèrent de même à la police locale, à la gestion des deniers municipaux, aux soins de l’édilité et n’allèrent jamais plus loin. Les épreuves avaient contenu, tempéré, assagi ces magistrats populaires. Ils se contentaient de leur lot, l’expérience leur avait enseigné la modération, et cette sage réserve fut pour beaucoup dans leur succès définitif.

Si l’érudition vellave persiste dans la voie qu’elle a inaugurée, c’est-à-dire chemine lentement, avec méthode et sur titres, bien des obscurités se dissiperont et l’on pourra espérer une bonne et sérieuse histoire de la vie municipale dans nos murs. Il est une autre histoire, trop oubliée jusqu’à ce jour ; nous savons très peu et presque rien sur les communes rurales. C’est à peine si nous possédons, à cet égard, deux ou trois titres, la charte par exemple des franchises de Roche-en-Régnier, en date du 12 décembre 1265, que M. Du Molin a donnée dans les Preuves, pp. VI et suiv. de l’histoire de cette baronnie. C’est

  1. Essai sur l’histoire de la formation et des progrès du Tiers-État, édit. de 1856, t. X, p. 93.
  2. L’expression la plus usitée dans le Midi était : Conse. Racine, dans une de ses lettres, se moque très-agréablement des vanités consulaires de : compère le cardeur et du menuisier gaillard… Clet dit la même chose, mais en franc ponaut. Le premier vers de son Lambert est celui-ci :
    A la fi sei counten d’estre couosse dei Peuy.

    Cette locution a laissé chez nous un proverbe : Fier couma couosse.