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documents et notes sur le velay

princes ou des conseillers royaux ; ce ne sont plus des bourgeois, ce sont déjà des fonctionnaires publics. Dans leurs assises, si l’on proclame que toute créature est formée à l’image de Notre-Seigneur et doit être franche de droit naturel, on pose aussi en principe que nulle commune ne peut s’établir sans le consentement du roi. L’égalité sociale a fait un grand pas, mais la liberté compromise est restée à moitié route[1]. »

Eh ! sans doute, il eût mieux valu pour le triomphe des saines doctrines libérales que les communes eussent exclusivement compté sur leur propre initiative, sans faire appel à la tutelle onéreuse de la couronne. Mais le despotisme des seigneurs pesait si lourdement sur les villes, que le secours était le bienvenu, quelle que fût la main qui l’apportât. Il faut reconnaître avec Augustin Thierry que les communes ne pouvaient rester dans leur isolement primitif : elles accueillaient comme un rédempteur le roi absolu proclamant, au nom de la loi naturelle, le droit de liberté pour tous. En définitive, le pouvoir royal offrait à ses nouveaux sujets des garanties inconnues jusqu’à ce jour. La ville du Puy, veuve de ses consuls, soumise à tous les caprices d’une autocratie locale, préférait à ce joug présent et incessant une protection d’autant moins oppressive qu’elle était plus lointaine. Quelques officiers de l’évêque avaient bien à se plaindre du nouvel ordre de choses, dont le mécanisme tarissait la source de leurs bénéfices. Ainsi l’on voit en 1307 Jean de Salsano, chevalier et viguier de la cour séculière de l’évêque, réclamer contre la suppression de sa charge et demander ou une indemnité ou le maintien de cette charge, en prétendant qu’elle était viagère et personnelle. Le roi Philippe le Bel, siégeant au parlement de la Toussaint de l’an 1307, accorda au fonctionnaire dépossédé une pension de vingt livres tournois à prendre sur les épices de la cour commune :

Cum, propter associacionem factam inter dominum regem et episcopum

  1. Questions de religion et d’histoire, par le duc de Broglie ; Paris, 1863, t. I, pp. 17 et 18.