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des textes respectifs, des inductions qu’il poursuivra, on l’espère, avec sa supériorité habituelle. S’il veut bien consacrer à l’exemplaire du Puy un nouvel examen, M. Rocher se permet de recommander à son attention, le mémoire de M. Hedde. M. Delisle trouvera dans ce remarquable travail, écrit avec une rare compétence, de très-curieux renseignements sur l’exécution technique de l’ouvrage, son écriture, les onciales qui le décorent, les tissus intercalés entre les feuilles du livre, etc. Un point, resté obscur, provoquera sans doute la critique de l’illustre académicien. Comment, en effet, et à quelle époque le manuscrit est-il venu dans le trésor de l’Eglise angélique ?

Voilà un petit problème historique encore sans solution. D’un côté, on rappelle le mémoire envoyé dans le siècle dernier à Dom Vaissette par un chanoine du Puy, M. de Trèves, et que le grand bénédictin inséra dans ses Notes de l’Histoire du Languedoc. M. de Trèves alléguait sa tradition immémoriale, d’après laquelle Théodulfe, évêque d’Orléans, aurait, dans sa visite à l’église du Puy, offert la Bible dont il s’agit à notre sanctuaire. Cette tradition, rapportée par nos hagiographes, Gissey (1621) et le frère Théodore (1693), s’appuie sur les récents travaux de l’érudition locale, qui justifient le pèlerinage de Charlemagne à l’église d’Anis. M. Rocher rappelle les arguments exposés dans l’Étude sur les rapports de l’Église du Puy avec l’Église de Girone, en Espagne, et il invoque aussi la notice de M. l’abbé Payrard sur les Chanoine pauvres.

Les partisans de l’opinion contraire font remarquer que le premier témoignage de l’existence au Puy de la Bible de Théodulfe, date de 1511, suivant une inscription grecque de cette époque, qui est au fo 314 et nomme Pierre Rostan, chanoine de Notre-Dame. Si Théodulfe eût envoyé ou porté lui-même le splendide velin, il en eût fait mention, selon l’usage de l’épo-

    étant beaucoup plus nombreuses et plus développées dans le manuscrit de Paris que dans celui du Puy, serait-il téméraire de supposer que Théodulfe avait choisi le premier exemplaire pour y faire consigner les observations dont il avait trouvé la matière après l’achèvement de la copie ? J’émets cette conjecture sous toute réserve, dit en terminant M. L. Delisle, et sans avoir la prétention de placer le manuscrit de Paris au-dessus du manuscrit du Puy. Sortis du même atelier, il y a plus de mille ans, ces deux volumes, qu’une circonstance extraordinaire nous permet de rapprocher aujourd’hui, ont chacun leurs mérites particuliers et serviront tous les deux à l’histoire le la calligraphie comme à celle des travaux bibliques accomplis au temps de Charlemagne.

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