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des séances

par Théodulfe, soit près de la cathédrale d’Orléans, soit dans son abbaye de Saint-Benoit-sur-Loire : on sait que la Bibliothèque nationale possède deux bibles de Théodulfe, l’une complète et en parfait état de conservation, l’autre incomplète et provenant de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés.

Les trois volumes, le nôtre et ceux de la Bibliothèque nationale, ont été burinés par la même main, et M. Delisle a fait ressortir de la comparaison

    c’est dans l’hôtel de cette famille que Jérôme de Viguier l’examina pour y copier le Miroir de Saint-Augustin ; c’est là que le consulta le P. Sirmond, là aussi que l’admirèrent les Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur. On ignore comment il était arrivé là, comment il en est sorti pour passer dans notre grand dépôt. Au XIe siècle, il se conservait au trésor de la cathédrale d’Orléans ; une charte de l’évêque Odolric, copiée au folio 346, l’atteste. D’où l’on peut inférer que c’est l’exemplaire que Théodulfe s’était réservé pour son usage et qu’il dut léguer à la cathédrale d’Orléans. On ne saurait donc l’étudier trop attentivement pour déterminer la part qui revient à Théodulfe dans les travaux accomplis sur le texte de la Bible par l’ordre de Charlemagne. On est généralement enclin à rapporter à Alcuin tout l’honneur de cette entreprise. M. Delisle ne doute pas qu’une étude approfondie ne conduise quelque jour à distinguer l’une de l’autre les deux recensions du IXe siècle. L’œuvre d’Alcuin doit étre représentée par la Bible de la Vallicellana, par la bible que le British Musœum a acquise en 1836, et par la bible de Charles le Chauve (Manuscrit 1 du fonds latin de la Bibliothèque nationale). L’œuvre de Théodulfe ne nous a pas été seulement conservée par les deux volumes en question ; il en existe, à la Bibliothèque un troisième exemplaire, incomplet toutefois, provenant de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés.

    Il serait fort curieux de rechercher jusqu’à quel point les bibles d’Alcuin et de Théodulfe ont servi de types aux copies des livres saints exécutées en France sous les Carlovingiens. La question est des plus délicates à résoudre et l’établissement des familles des manuscrits bibliques de cette époque présentera de grandes difiicultés, moins à cause de la multiplicité des exemplaires que par suite de l’habitude prise par les copistes de combiner plusieurs exemplaires pour constituer leur texte. Ainsi, dans la bible de Charles le Chauve, qui appartenait originairement au trésor de Saint-Denis, le scribe a reproduit la préface de Théodulfe, moins les deux derniers vers, et il a disposé tout différemment les livres de l’Ancien Testament. Les deux exemplaires originaux de la bible de Théodulfe, si parfaitement semblables quant à l’exécution matérielle, contiennent déjà beaucoup de variantes et d’annotations marginales, qui, pour avoir été tracées par le même scribe, n’en forment pas moins des différences sensibles. Les divergences sont plus accusées encore dans les traités accessoires.

    Dans l’exemplaire du Puy, le Miroir de Saint-Augustin est dépourvu de la table et de la rubrique initiale ; quant au texte des traités, les variantes sont telles que les deux copies ne comporteraient pas une collation. Les notes marginales