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documents et notes sur le velay

prouve que la crainte des malheurs temporels portoit à commettre bien des extravagances semblables. On étoit ennemy des ecclésiastiques dormeurs par des raisons d’intérêt. On s’en prenoit à eux lorsque, après Pasques ne venant pas à Matines les vignes geloient, et afin que pas un n’y manquât, on prenoit ceux qu’on trouvoit dans leurs lits et on s’en saisissoit. Telles étoient selon moy les prises de Nevers que les statuts réprouvent, peut-être seulement comme attentatoires à la juridiction ecclésiastique. »

Le docte abbé Lebœuf a-t-il visé juste dans ses explications ? Peut-être, et, si l’on réfléchit à toutes les excentricités produites au moyen âge par les superstitions populaires, on ne trouvera pas trop étrange l’origine assignée aux captures des chanoines de Nevers et du Puy. De nos jours ne voit-on pas encore les lazzaroni de Naples accabler d’invectives leur saint Janvier si le miracle traditionnel arrive trop lentement ? En tout cas les facéties, du reste fort innocentes de nos anciens chanoines, sont bien dans la note de nos aïeux goguenards. On riait jadis et de bon cœur même au Chapitre, sans scandale pour le prochain et sans trop de dommage pour la victime. Nous rions si peu aujourd’hui, qu’un écho des vieilles gaietés gauloises ragaillardit et fait du bien.

(À suivre.) Ch. Rocher.



Ire série, 1878.
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