Page:Société de l’enseignement supérieur - Revue internationale de l’enseignement, volume 37, juin 1899.djvu/66

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHRONIQUE DE L’ENSEIGNEMENT


Discours de M. Liard, délégué du Ministre de l’Instruction publique au banquet de la Presse de l’Enseignement.

Après M. Beurdeley, avant MM. Adrien Weber, Mâcon, Jacquin, Édouard Petit, Lucien-Victor Meunier, Buisson, M. Liard a prononcé le discours suivant :

…Je me bornerai à vous dire très simplement et en toute familiarité quels services a déjà rendus et quels services peut rendre une presse spéciale de l’enseignement.

On a dit souvent que les administrations ont horreur de la presse, qu’elles la redoutent. Oui, quelquefois, par exemple, lorsqu’il advient que la presse, certaine presse, pour être exact, dénature les intentions, altère les faits, attribue aux hommes des pensées qu’ils n’ont pas eues, des actes qu’ils n’ont pas accomplis. Que voulez-vous, les pauvres administrateurs ne peuvent envoyer constamment des rectifications à la presse ; ce n’est pas leur rôle. Alors, ils souffrent de voir méconnus leur bonne volonté, leur droiture, leur dévouement à leur pays (Très bien). Mais en dehors de ces cas qui sont rares, administration ne redoute pas la presse. En ce qui me concerne, j’aurais mauvaise grâce à tenir un autre langage ; je dois me souvenir que si nous avons pu mener à bien la réforme des Universités, dans cette œuvre de longue haleine, le concours de la presse nous a été précieux.

De la Société d’enseignement supérieur est sorti un organe de presse ; je regrette que l’ancien directeur de cette Revue, M. Dreyfus-Brisac, qui est des vôtres, ne soit pas ici. En mon nom et au nom de l’Enseignement supérieur, je lui témoigne publiquement toute la reconnaissance que nous lui devons. Il y a vingt ans, quand a commencé cette campagne, beaucoup ignoraient ce qu’était l’enseignement supérieur à l’étranger. Dreyfus, Brisac et la Revue internationale de l’Enseignement nous l’ont fait connaître. 1 a quitté la direction de ce recueil. Son successeur, M. Picavet est ici. Je lui souhaite de continuer son œuvre.

En dehors de ce recueil spécial, nous avons eu pour nous une bonne partie de la grande presse, et c’est par elle que la question des Universités s’est trouvée portée devant l’opinion et qu’après bien des obstacles, elle a fini par triompher. Je serais donc un ingrat si je ne reconnaissais pas, si Je ne proclamais pas les services que, dans cette question particulière. la presse nous a rendus.

Vous êtes, Messieurs, une association de la presse de l’enseignement. Cela c’est nouveau, très nouveau, et il faut s’en féliciter. Je suis déjà un vieil administrateur — voilà bientôt vingt ans que Jules Ferry m’a enlevé à ma chaire de faculté — eh bien ! mais n’allez pas le répéter dehors, en vieillissant, on devient routinier ; après avoir été innovateur, révolutionnaire même, on devient traditionaliste. C’est fatal, c’est humain, c’est la loi de l’humanité. Il en est des corps comme des individus, parce qu’ils sont des organismes ; fatalement eux aussi, ils prennent des habitudes et une fois qu’ils les ont prises, ils tendent à les conserver. Nous aussi, dans l’administration, qui que nous soyons, si animés de bonnes intentions, si épris de progrès que nous soyons, nous sommes soumis à cette loi. Il faut qu’il y ait hors de nous quelque chose qui nous excite, nous