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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

du cours de physique et chimie) ; tableaux d’histoire naturelle ; organographie et physiologie humaines ; gymnastique ; dessin ; calligraphie. Ces trois dernières matières étaient facultatives.

L’enseignement des Instituts s’adresse surtout à la mémoire. Chaque cours à son manuel (libro de texto), que le professeur lit et commente, et que les élèves apprennent et récitent.

L’émulation est entretenue par d’innombrables examens portant sur toutes les matières de l’enseignement. À la suite de ces examens, les élèves sont classés en excellents (sobresalientes), remarquables (notables), bons (buenos), passables (aprobados), ajournés (suspensos).

Ces examens, tous oraux, paraissent très faciles. Sur 780 candidats aux examens ordinaires à Pampelune en 1889, on compte 36 sobresalientes, 116 notables, 218 buenos, 339 aprobados et seulement 51 ajournés. — Sur 1.703 examens ordinaires à Vitoria en 1895, il y a eu 139 sobresalientes, 183 notables, 370 buenos, 820 aprobados, et seulement 187 ajournés.

Le grade de bachelier est décerné après deux épreuves orales particulières. Sur 38 candidats examinés à Pampelune en 1889, il y eut 32 reçus. Sur 68 candidats examinés à Vitoria en 1895, il y eut 66 reçus.

Les élèves qui passent d’un Institut à l’autre sont munis d’une fiche sur laquelle on inscrit les cours qu’ils ont suivis, et les notes qu’ils ont méritées à l’examen de fin d’année.

Les Espagnols reconnaissent de bonne foi que l’enseignement des Instituts est extrêmement faible.

La politique et la faveur jouent un rôle beaucoup trop grand dans le recrutement des professeurs.

L’enseignement est gêné par des règlements tracassiers — par le manuel que le professeur doit commenter — par l’ingérence du clergé.

Les manuels sont, en général, exécrables. J’ai connu un Espagnol fort distingué, correspondant de l’Académie de l’Histoire, qui les qualifiait de « livres de cuisine ». Le clergé condamne tous ceux qu’il regarde comme hostiles. Les ministres favorisent les œuvres de leurs amis politiques.

Fussent-ils bons, les manuels ne devraient jamais servir que de livres de lecture. Forcer le professeur à une perpétuelle exégèse, c’est ôter toute spontanéité et toute valeur à son enseignement.

Les programmes sont trop vastes et mal compris. On demande trop de choses et on n’approfondit rien. La polymathie triomphe en Espagne, comme en France, au grand détriment de la santé des esprits.